Podcast : « Travail en détention : préparer la sortie »

France culture : extrait de la présentation de l’épisode 3/3
du podcast « L’économie derrière les barreaux« 

Chaque jour en France, 300 personnes sortent de prison. Mais, pour une grande partie d’entre elles, la liberté est de courte durée : 60% des personnes sortant de détention récidivent dans les 5 ans et 80% d’entre elles sont recondamnées à de la prison ferme.

Pourtant, depuis les années 1980, la préparation de la réinsertion est une compétence attribuée aux prisons dans le but de limiter la récidive. Des acteurs institutionnels s’associent à des associations pour tenter de développer des programmes complets permettant de répondre aux multiples difficultés des détenus. Un grand nombre d’entre eux s’articulent autour du travail qui permet à la fois de faire face aux situations de précarité en fournissant des ressources et d’acquérir des compétences utiles à long terme.

Le manque de moyens matériels et humains constitue cependant un frein au déploiement de telles politiques. Par ailleurs, dans le cas du travail en détention, le nombre de postes disponibles est non seulement largement inférieur à la demande (à peine 25% des détenus travaillent) mais la nature des tâches proposées ne présente qu’un intérêt faible pour le développement professionnel des détenus. Alors que le coût de la récidive est particulièrement élevé, investir dans des dispositifs de réinsertion par le travail semble donc particulièrement pertinent.

Avant la détention, des publics déjà en marge de la société

Avant leur détention, une grande partie des futurs détenus souffre déjà d’un manque d’insertion sociale, professionnelle et sanitaire. Par exemple, 90% des détenus ont un diplôme inférieur ou égal à un CAP. Un constat bien connu selon Benjamin Monnery : « il s’agit d’une population déjà très précarisée, c’est bien pour cela qu’on parle souvent d’insertion plus que de réinsertion de ce public-là, car il n’a pas été inséré professionnellement, socialement. Les problèmes d’emploi, de logement mais aussi sanitaires sont très importants« .

Le travail en détention : aller au-delà de l’occupationnel

La mauvaise coordination entre les collectivités territoriales, le manque de volonté des institutions et la surpopulation carcérale peuvent entraver la réussite des programmes de réinsertion par le travail. Par ailleurs, les tâches proposées doivent s’adapter aux compétences des détenus et s’inscrire dans une perspective de sortie. « Il y a un vrai enjeu de remobilisation, d’arriver à retravailler avec des gens en échec scolaire, pour lesquels avoir un niveau d’attention de deux heures derrière une table va être très compliqué. (…) Si on est juste sur de l’occupationnel, ça ne peut pas marcher : tout l’enjeu de l’axe travail / formation, c’est de préparer quelqu’un à un emploi, à une projection qui va être viable à l’extérieur« .

Le podcast est accessible ici :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-economie-de-la-prison

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