Notre regard sur la situation judiciaire et pénitentiaire
Les décisions du système judiciaire sont à l’origine de questions pénitentiaires préoccupantes. Notamment la prison reste en France emblématique de situations critiques avec une surpopulation carcérale endémique, des conditions de détention souvent pointées comme indignes par la Cour de Justice de l’Union Européenne et la Cour Européenne des Droits de l’Homme, des taux de récidive qui demeurent très élevés.
L’objectif de la réinsertion du condamné, édicté par le code pénal est incontournable lors du passage devant le juge où se décide et s’organise la peine. Cet objectif s’inscrit dans un cheminement préalable fait de rencontres et parfois de situations de fragilité telles que la rue, l’hôpital, le chômage…Et la sanction pénale favorise à son tour le risque de ruptures avec les repères sociaux antérieurs tels que le travail, le salaire, la famille, le logement, et ceci d’autant plus que certains font un ou plusieurs séjours en prison,. Finalement, à la fin de ce que nous appelons un parcours pénal , la personne libérée est souvent plus démunie qu’à son entrée notamment en cas de sorties sèches, c’est-à-dire pas préparées, pas accompagnées.
En fin de compte, les chances de réinsertion sont très faibles en raison de l’insuffisance de moyens qui y sont affectés, que ce soit dans le service public ou dans le secteur associatif. Même limité, ce qui pouvait être facteur de progrès au cours de l’exécution de la peine, comme la reprise de formations ou de soins, peut être remis en cause à la libération. Ces ruptures fragilisent le parcours et augmentent les risques de récidive.
L’approche par le parcours pénal que propose le GPSE, nécessite une mobilisation de différents acteurs auprès de chaque personne en difficulté. Cela implique que les intervenants potentiels se relaient et articulent leurs interventions pour éviter des basculements voire des possibles ruptures.
Nos valeurs
Le GPSE, fondé en 2006 à l’occasion des États Généraux de la Condition Pénitentiaire, se propose d’aborder les questions judiciaires et pénitentiaires selon les valeurs républicaines définies dans la loi, la Déclaration des Droits de l’Homme, la Convention Européenne des Droits de l’Homme, les Règles Pénitentiaires Européennes. Il s’intéresse en priorité à la question pénitentiaire, prise comme un élément du système judiciaire, lui-même garant des règles du « vivre ensemble » de la société.
Le GPSE se veut un lieu de rencontres, d’échanges et d’actions au service des personnes sous main de justice (en milieu ouvert ou fermé), afin de promouvoir le respect de la dignité humaine due à toutes les personnes et de promouvoir durablement leur réinsertion dans la vie sociale.
Le GPSE structure sa réflexion et son action en privilégiant les situations des personnes dans leur parcours pénal. Il est ainsi amené à prendre en compte:
- les situations et actions de prévention avant l’attribution d’une peine consécutive à une condamnation sanctionnant une infraction;
- la défense des droits auxquels la personne peut prétendre au cours de l’exécution de sa peine en milieu ouvert ou fermé et après la fin de la peine dans tous les domaines de la vie.
- la continuité des moyens nécessaires à la poursuite d’une vie personnelle et sociale conforme aux lois et aux aspirations des personnes sous main de justice ainsi que toutes actions en faveur de la réintégration dans la société civile, afin notamment d’éviter la récidive.
En outre, la récidive quand elle se produit doit être considérée non comme un échec qui ouvre la porte à un rejet accru, mais comme une rechute étape vers la désistance.
Notre projet
L’activité du GPSE est ouverte aux organismes publics ou privés quels que soient leurs statuts ou missions dès lors qu’ils partagent des objectifs communs. Il rassemble des citoyens engagés soit à titre personnel, soit au titre d’organisations qui interviennent auprès des personnes dans le parcours pénal.
Prendre en compte les situations des personnes tout au long du parcours pénal du condamné implique une collaboration entre différents acteurs mobilisés qui accompagnent chaque personne sous main de justice à partir de multiples compétences concernant la santé, le travail, le logement, la formation etc.
Pour mieux structurer son action, le GPSE s’est organisé autour de 4 pôles :
- un pôle sur le champ inter-associatif
Le GPSE se donne comme tâche de créer des espaces de rencontres et d’échanges, pour permettre une meilleure connaissance de l’action des différentes associations et institutions (SPIP, Pôle emploi, UCSA, école…..) qui interviennent afin de mieux coordonner leurs actions et éviter les interventions sectorisées. Il contribue ainsi au repérage des problématiques communes aux intervenants dans l’accompagnement des personnes pour assurer une meilleure continuité du suivi.
Ainsi l’activité inter-associative répond à la problématique dedans/dehors dans l’intérêt des personnes au cours de leur parcours pénal. Dans ce but, si possible sous la forme de réseau, le GPSE vise la mise en œuvre de projets concourant à une meilleure articulation entre dispositifs juridiques, ressources internes et externes, pour favoriser anticipation et préparation au retour de la vie en société.
- un pôle sur les interventions en milieu scolaire et autres milieux de jeunes
Le GPSE intervient en milieu scolaire (collège, lycée général ou lycée professionnel) pour sensibiliser les élèves aux questions de justice et de sanctions pénales, du sens de la peine en milieu fermé et en milieu ouvert, et de réinsertion des personnes condamnées. Il recherche aussi des possibilités d’interventions dans d’autres lieux d’information en dehors du cadre scolaire.
En collaboration avec les équipes éducatives, enseignantes et associatives, le GPSE propose des modules adaptés au public (jeux de rôle, débats, échanges…), en lien éventuellement avec les programmes d’EMC, d’histoire ou de droit. L’objectif est notamment d’interroger les représentations et idées reçues des jeunes sur la justice et la prison, et de leur apporter des informations objectivées à partir de notre expérience en tant que bénévole ou professionnel.
- un pôle sur la présence auprès du grand public
La problématique dedans/dehors que poursuit le GPSE avec ses partenaires auprès des personnes sous main de justice nécessite d’intervenir « dehors » auprès d’un large public. La réinsertion des personnes condamnées est aussi en partie conditionnée par l’accueil dont elles bénéficient en fin de peine. Ce pôle d’activités a pour objet d’apporter une meilleure compréhension des situations vécues face aux tendances sécuritaires qui structurent les opinions.
Trois types d’actions sont privilégiées :
- des conférences sur des thèmes d’actualités concernant des questions de justice, de procédures, de la vie pénitentiaire etc. ;
- des soirées ciné-débats, en partenariat avec le cinéma Le Méliès, favorisant les témoignages de bénévoles et professionnels du monde judiciaire et pénitentiaire ;
- La participation à des actions chaque année en novembre, lors des Journées Nationales Prison destinées à jeter un coup de projecteur sur le fonctionnement pénitentiaire . en lien avec la FARAPEJ (Fédération des associations réflexion-action prison et justice)
- un pôle formation
Le GPSE propose de partager des connaissances et compétences acquises lors des échanges et actions menés en commun, avec les personnes qui souhaitent participer aux activités du GPSE (telles que les interventions en milieu scolaire).
La formation s’adresse aussi à toutes les personnes issues des organisations membres du GPSE, au-delà de leurs représentants mandatés, dans le but de partager la préoccupation des gens sous main de justice.
Le GPSE a le souci de mettre à profit l’offre de formations externe, telle que celle proposée par la FARAPEJ et de diffuser et organiser les formations qui pourraient présenter un intérêt pour ses adhérents, aussi bien bénévoles que salariés.